OpenAI, trop consanguine pour être résiliente ?

Et si tous ces investissements circulaire dans la tech cherchait à devenir Too Big To Fail ?

OpenAI signe un contrat de 300B $ à Oracle, Oracle prévoit d’acheter pour 40B $ de cartes à Nvidia, Nvidia pourrait investir 100B $ dans OpenAI. Microsoft a investi 14B $ chez OpenAI et signe un contrat de 15B $ chez son concurrent Anthropic. OpenAI investit pour 30B $ dans AMD, concurrent de Nvidia, pendant que Nvidia investit 5B $ dans Intel, concurrent de AMD.

Le secteur de la tech questionne jusqu’à JP Morgan. Comment vont-elles rembourser leurs dettes, comment vont-elles tenir leurs promesses ? Pourquoi continuent-elles à prendre autant de risques alors que l’éclatement de la bulle IA semble imminente ?

On voit des entreprises tech se lier entre elles, hisser leur grande voile et foncer vers la tempête. Derrière ce paradoxe se cache une solution fort simple. Elles vont, bien évidemment, continuer à accumuler l’argent tant que la musique continue. Mais elles ne comptent pas répercuter les pertes. Leur objectif est de devenir Too Big To Fail pour que leur faillite soit épongée par le contribuable à travers l’argent de l’État.

Comment devient-on Too Big To Fail ?

L’expression vient de la crise des subprimes en 2008. Elle traduit mal son intention. Les banques font faillite, qu’elles soient grosses ou petites, la faillite est une règle comptable. Dès lors que vos actifs ne permettent plus de rembourser vos créanciers, vous êtes en faillite, et ce, quelle que soit votre taille et le poids de vos actifs.

Ce que cette expression signifie vraiment, c’est que la banque est tellement connectée aux autres banques par de multiples crédits et investissements avec des sommes faramineuses, déconnectées de tout besoin économique tangible, que sa faillite entraînera la faillite des autres.

En 2008, devant cette situation, les gouvernements ont préféré renflouer les banques que de les laisser faire faillite au risque de voir une réaction en chaîne emporter tout le système bancaire.

Il n’y a donc pas d’entreprise ou de banque vraiment Too Big To Fail. Il n’y a que des secteurs « Too Consanguineous To Be Resilient ». À partir du moment où chaque acteur a les mains profondément ancrées dans les poches de l’autre, la chute de l’un entraîne la chute du groupe.

Loin de servir de repoussoir, atteindre le rang de « Too Consanguineous To Be Resilient » semble être devenu le Graal pour de nombreux secteurs. C’est la garantie de pouvoir prendre plus de risques en sachant que l’État viendra éponger les pertes.

OpenAI, Oracle, Microsoft ou Nvidia veulent atteindre ce niveau de consanguinité avant l’éclatement de la bulle IA.

On peut déjà prévoir leur discours. Si le gouvernement laisse tomber OpenAI, cela entraînera la chute de Nvidia et d’Oracle. Les concurrents chinois vont gagner la guerre technologique, il faut à tout prix sauver le soldat OpenAI.

Tous ces contrats, dettes et investissements n’ont pas de sens économique. Il s’agit plus d’un pacte de sang pour se lier les uns les autres.

Cette stratégie de consanguinité s’applique aussi aux États. Chaque État possède des obligations d’autres États. Comme pour les banques ou les entreprises technologiques, ces montagnes de dettes ne seront jamais remboursées. Elles roulent indéfiniment jusqu’à ce que le système explose.

En attendant la chute de tout le système, le contribuable continuera d’éponger les dettes d’acteurs trop irresponsables.