Qui sème le vent récolte la tempête. L’Arabie Saoudite risque de l’apprendre au prix fort. Le royaume a joué aux apprentis sorciers depuis 20 ans en propageant sont idéologie radicale. Aujourd’hui elle se retrouve au pieds du mur, une bombe dans les mains. Comment en sont-ils arrivés là. Que cache cette bombe ? Va-t-elle exploser ?
Construction de la bombe
Une bonne bombe, ça se prépare. Celle de l’Arabie Saoudite date de 1932, où Abdelaziz ben Abderrahman Al Saoud fonde le Royaume d’Arabie Saoudite, après 30 ans de guerre et 500 000 morts. Il fit appelle à la religion en créant un état religieux qui permit de museler l’opposition et de justifier ses actes. L’utilisation de la religion pour assoire son pouvoir est une idée familiale. En 1744, le fondateur de la ligné Saoud, Mohammed Ibn Saoud s’associe avec un prédicateur religieux, Mohammed Ibn Abdelwahhab et fondent le wahhabisme.
Histoire rapide de l’Islam
Comme le fondateur de l’islam, le prophète Mahomet, n’a pas désigné de successeur lors de sa mort en 632, l’islam s’est scindé en deux à tout jamais. D’une coté la branche chiite qui déclare Ali, gendre du prophète comme successeur, aujourd’hui 30% des musulmans dans le monde (essentiellement Liban, Syrie, Iran et Yémen). De l’autre coté la branche sunnite qui voit en Abou Bakr, compagnon fidèle du prophète le successeur, aujourd’hui 70% des musulmans dans le monde.
Le wahhabisme fait partie de la branche sunnite de l’islam. Cette religion souhaite une lecture stricte du Coran. Elle prône la charia, et fait partie des branches les plus radicales de l’islam.
Par chance l’Arabie Saoudite possède les deux villes saintes de l’islam : la Mecque et Médine. Le retour de la religion strict de ses ancêtres est donc une aubaine pour « protéger » les lieux saints de l’islam, et prendre le pouvoir.
Un fou sans moyen ne va pas très loin, heureusement le pétrole vient aider le souverain en 1938. Il se retrouva avec une manne financière incroyable. L’Arabie Saoudite fit ce qu’on a appelé la diplomatie du « carnet de chèques ». En concluant d’importants contrats avec les pays riches et émergents, le pays put acquérir une place sur la scène économique et politique internationale.
Ce que l’on sait moins sur ces contrats, c’est une clause autorisant l’Arabie Saoudite a investir dans des lieux de culte dans le pays vendeur. Des pays comme la France, l’Angleterre, la Belgique ou l’Indonésie se sont vues construire des mosquées « made in saoudite » où le wahhabisme était enseigné. L’exemple le plus frappant est peut-être la Grande Mosquée de Bruxelles construire par l’Arabie Saoudite et autorisée par l’état en échange d’une réduction sur la facture de pétrole.
Discrètement, l’Arabie Saoudite a distillé son idéologie extrémiste dans le monde entier. L’historien Charles Allen à chiffré que depuis 1979, l’Arabie Saoudite a consacré 70 milliards de dollars à la diffusion du wahhabisme. Leur doctrine prône un islam radical avec le retour de la charia, la destruction des chiites ainsi que tous « traîtres » de sunnite qui ne protègent pas l’islam contre les chiites. C’est ainsi que le monde entier s’est retrouvé avec une armée de musulman radicaux prêts à faire le djihad par la violence.
Il fallait juste une une étincelle pour faire exploser cet extrémiste et c’est l’État Islamique qui l’amena. Au départ financer par l’Arabie Saoudite pour renverser Bachar Alasad (la Syrie est un pays majoritairement sunnite, mais gouvernée par un gouvernement d’oppresseur chiite, cela en fait donc un ennemi de choix pour le wahhabisme). Le pays s’en est écarté quand l’organisation devenait trop dangereuse. Il ne reste pas moins beaucoup de ressemblances entre l’Arabie Saoudite et l’Etat Islamique : pouvoir politique et religieux confondus, instauration de la charia, lecture rigoureuse du Coran, volonté de détruire les chiites et les « traîtres » sunnites et volonté de renouer avec le djihadisme.
Est une coïncidence, si tous les attentats survenus en Europe ont comme centre de commandement Bruxelles, lieux même de cette Grande Mosquée « offerte » par l’Arabie Saoudite ?
Non ! Comme le souligne Barack Obama dans une interview dans The Atlantic : l’Arabie saoudite propage l’extrémisme qui a généré le terrorisme. Il cite même l’exemple de l’Indonésie : [l’Indonésie], État musulman et tolérant, est devenu un pays extrémiste, à cause du financement par l’Arabie Saoudite des mouvements fanatiques et des écoles wahhabites.
En voulant jouer aux apprentis sorciers par la propagation de son idéologie radical, l’Arabie Saoudite a créé une armée de musulmans hors de contrôle et prêts à toute forme de violence pour protéger leur islam. Elle doit donc, comme fondatrice du wahhabisme et gardienne des lieux saints, montrer un islam radical sous peine d’avoir un retour de bâton des montres qu’elle a créé.
Quand le grand bienfaiteur devient le traître
Or c’est justement là que la bas blesse. L’Arabie Saoudite a comme « obligation » de taper sur des gouvernements chiites. Avec une importation d’arme de 64.4 milliards de dollars d’arme rien que pour l’année 2014, l’Arabie Saoudite est devenue le premier importateur d’arme au monde. Le pays dispose d’une force de frappe colossale. Mais sur qui taper ? La Syrie ? et son puissant ami russe, certainement pas ! L’Iran ? et son projet nucléaire, ils voudraient bien, mais ça serait se mettre en difficulté diplomatique avec ces principaux clients occidentaux qui respectent l’Iran. Heureusement, il y a le Yémen : pays chiite sans armé, sans amis puissants et dont personne se préoccupe.
Le Yémen a donc reçu tout la puissance de feu de l’Arabie Saoudite. Cette guerre n’a pas alerté les médias, car en vue des contrats d’armement, on peut dire qu’elle est « made in occident ». Ces chers Yéménites ont pu admirer nos rafales et missiles de très près. Le Yémen est maintenant un tas de cendre, les Saoudiens ne peuvent plus l’utiliser pour embellir leur image de protecteur du « vrai » islam.
Pire, le royaume sympathise même avec l’ennemi Israël. Les deux pays ont l’Iran comme ennemi commun et multiplient les relations diplomatiques : construction d’une ambassade saoudienne à Tel-Aviv, gestion par Israël d’une base militaire en Arabie Saoudite, rencontres de hauts gradés. Le royaume n’a pas hésité à soutenir financièrement Israël pour la guerre du Liban. De son coté l’état hébreux livre arme et logistique pour la guerre au Yémen. Pas sûr que les pro-wahhabisme soient pour une entente islamo-sionite.
Face à ce problème, le nouvel homme fort du royaume Mohamed Ben Salman (MBS) joue quitte ou double. Il veut réduire l’emprise religieuse dans son pays : moins de charia, plus de libertés. Deux cas de figures s’offrent à lui. Il modernise son pays et les « ultras » n’ont pas le temps de s’organiser. Son armée wahhbisme présente en nombre dans son propre pays se disperse : La bombe est désamorcée. Soit ces mêmes radicaux voient en MBS et en l’Arabie Saoudite toute entière un traître qui a retourné sa veste. Leur islam est menacé et ils partent faire le djihad face au pouvoir : La bombe explose…